« Pédagogie des opprimés »

 

1 –  Réflexion sur les GJ

« Parce qu’en tant qu’anarchistes nous nous posons la question de notre place dans les mouvements sociaux, notamment vis-à-vis des gilets jaunes, nous prenons le parti de ne pas dissocier pédagogie et insurrection : quelle pédagogie insurrectionnelle mettre en place? Comment partage-t-on le travail ? quelle est la place de nos pratiques dans l’élaboration d’un projet social ?
Dans cette optique, le condensé du texte de Paolo Freire, « Pédagogie des opprimés » permet de penser une pédagogie reléguée dans l’oubli. Comment partir de la cause des opprimés, comment revaloriser nos pratiques et nos luttes ? Dialoguer et considérer que l’autre est capable de penser est un pari philosophique qui est en lui-même révolutionnaire : Tous capables de s’émanciper… mais à quelles conditions ? « 
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2- « Personne ne libère autrui, personne ne se libère seul, les Hommes se libèrent ensemble.

[…] Quand les opprimés découvrent clairement ce qu’est l’oppresseur et qu’ils s’engagent dans la lutte organisée pour se libérer, ils commencent à croire en eux-mêmes, dépassent ainsi leur « connivence » avec le régime oppresseur. Si cette découverte ne peut être faite à un niveau purement intellectuel mais doit être liée à l’action, il nous paraît fondamental que celle-ci ne devienne pas pur activisme, mais soit nécessairement associé à un sérieux travail de réflexion. C’est seulement ainsi qu’elle constituera une praxis. […]
Prétendre libérer [les opprimés] sans les faire réfléchir sur leur propre libération, c’est les transformer en objets que l’on doit sauver d’un incendie. C’est les faire tomber dans les pièges de la démagogie et les transformer en masse de manoeuvre14. […]
Nous sommes convaincus […] que la réflexion, si elle est vraiment une réflexion, conduit à la pratique. […] S’il n’en est pas ainsi, l’action est pur activisme. […] Les deux pôles, action et réflexion, doivent former un ensemble dont il ne faut pas séparer les éléments. […]
L’action politique à l’égard des opprimés doit être, au fond, une « action culturelle » pour la liberté et donc une action avec eux. […]
Ainsi, la voie à suivre pour ce travail libérateur qui doit être réalisé par les leaders révolutionnaires n’est pas la « propagande libératrice » Ce n’est pas non plus le simple fait de « déposer » la croyance en la liberté chez les opprimés en pensant gagner leur confiance, mais c’est dialoguer avec eux. […] À moins que l’on prétende faire la transformation pour eux et non avec eux, comme il le faudrait pour qu’elle soit authentique ».4
14 C’est ce genre de démagogie que l’on retrouve bien sûr chez tous les charlatans, mais aussi chez certains « alters » et dans le monde de la Culture. Pour mieux saisir le glissement entre une volonté d’éducation populaire de l’après guerre portée par le Conseil de la Résistance vers une simple politique d’offre de produits culturels soutenue par les Ministères de la Jeunesse et des Sport et de la Culture, je vous renvoie au spectacle original Inculture(s), d’un ancien conseiller culturel, Franck Lepage (en libre accès sur Internet).
Document interne de travail du CRÉA (Cercle de réflexion pour une ‘éducation’ authentique) : 1
7 Les Champs Dessus, F-71300 MARY
CONDENSE Pédagogie des opprimés
Freire, Paulo, Maspéro, 1974 (épuisé).