Je m’érige contre le marché du développement personnel et tous les discours pseudo-mystiques sensés amener l’individu sur la voie de la pleine conscience et du bien-être. Cette mode a envahi le milieu culturel et l’éducation, par le biais d’experts qui s’accaparent les cadres de pensée, et menace notre capacité à lutter contre les fatalités, à s’émanciper, à transformer notre rapport au monde et la société.
De Pierre Rabhi à Boris Cyrulnik en passant par Edgar Morin, ces personnalités ont acquis une telle aura de vérité à gauche que toute critique à leur encontre est considérée comme suspecte. Pourtant, à travers eux, nous assistons au déferlement d’une propagande millénariste visant à nous faire adhérer sans condition à un nouveau système de croyances, « la voie » pour en finir à la fois avec ses traumatismes et ses peurs, et pour sauver le monde de « l’effondrement ».
https://www.fayard.fr/la-voie-9782213655604
En réalité, ces discours sont construits pour vendre une promesse de transformation qui est vouée à rester « sur le point de », et fait donc courir le risque d’une inhibition du désir et du renforcement du trouble personnel. Ainsi l’individu, qui croyait donner un sens à sa vie, vit au contraire de profondes crises de déréalisation face à sa propre culture qui s’efface, à la violence sociale qu’il subit d’autant qu’il n’a plus le droit de la nommer.
Comment résister à l’appel des maîtres à penser ? Que nous vendent-ils ? Pourquoi douter de leurs discours ? Comment exercer sa pensée critique quand tout pousse à intégrer une « nouvelle » spiritualité ?
1- Le clivage idéologique.
Les gourous modernes ont trouvé des relais médiatiques et institutionnels qui les consacrent comme des savants, des sages, des philosophes. Face à ces paroles qui ont acquis une aura presque divine, la critique semble inopérante, interdite par une légion d’êtres ventriloqués. On les dirait chargés de mener une croisade pour défendre une nouvelle économie du Salut : « Comment serai-je sauvé? ».
Cette véritable entreprise idéologique fournit aux personnes en fragilité une explication unique du monde qui accapare d’autant plus les consciences que la lutte des classes est rendue démodée, voire subversive et trop risquée, dans une société en proie à la peur et à la superstition, où la moindre parole qui déroge au consentement (« tu devrais lire les accords toltèques, plutôt que de râler ») devient ce qui porte malchance au groupe.
https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/heureux-qui-comme-moi-je
C’est pourtant à cause d’un manque de radicalité intellectuelle (et d’honnêteté pour beaucoup) – une radicalité qui fait penser les impensés – que les courants « new-age » ont acquis les consciences individuelles : la promesse d’un mieux-être sur-mesure est agitée au moment même où les institutions se déresponsabilisent vis-à-vis de leur mission ; des comportementalismes inondent le marché et flattent notre docilité/passivité devant le marasme social.
Le recours systématique et l’adhésion massive à de faux-concepts devenus des slogans politiques a fini par créer un obstacle majeur à la transformation sociale, et par construire la faillite de l’État lui-même et des institutions dans leur capacité à garantir le bien-être des individus et l’existence d’une concitoyenneté. En d’autres termes, il y a une récupération néo-libérale et totalitaire du projet d’émancipation par de nouvelles élites politiques sorties de la cuisse de Jupiter.
Le délitement de la gauche idéologique elle-même acquise aux privilèges et au clientélisme a permis de systématiser les agressions à l’encontre des pratiques libertaires et d’imposer un seul modèle de réussite. Pourtant, je le rappelle, la réussite individuelle exige la construction d’un rapport de force favorable à toute la société, et non à une seule poignée d’êtres illustres, qui s’auto-instituent détenteurs des formes révolutionnaires, puis les vident de leur sens, à des fins d’image.
N’en déplaise à mes concitoyens, si l’État se désengage de sa responsabilité au profit des lobbies, et de leurs prestataires de service, une extrême droite idéologique risque de gagner les consciences, de les « pacifier » jusqu’à la servitude, afin de créer un système qui ne profitera qu’à la montée du fascisme, au mythe de l’homme providentiel, en plein accord avec l’Etat Macronien qui exclut du projet social ceux qui refusent de croire : « Je ne veux pas aider les pauvres à vivre mieux pauvres! », déclarait l’Emmanuel.
Il m’est pour cela impossible de m’extasier sur la fable du colibri, parce que la fable elle-même a été détournée. Il n’est pas dit par exemple que le colibri meurt, puis entraîne avec lui ceux qui ont suivi sa voie. https://pavebrulant.noblogs.org/post/2016/05/04/les-colibris-vous-prennent-pour-des-pigeons/
Je dénonce une dérive idéologique majeure fondée sur la confusion entre l’injonction à « s’élever spirituellement » en vue d’un mieux-être, qui implique l’adhésion à un système de croyances, et l’ambition de « s’éduquer », à travers la construction d’un rapport émancipé au savoir. Cette confusion entérine chaque jour un peu plus l’intolérable perte de sens des institutions.
"Les enfants, non plus soumis aux modèles ni à des valeurs supérieures, contestent les enseignants quelque fois relayés par les parents ; ces conditions difficiles mettent en difficulté l’acte éducatif lui-même, l’école se trouvant de facto simplement cantonnée dans un rôle de « transmission des connaissances ». Cette évolution est préjudiciable à l’image de marque de l’école et à la réputation des enseignants ; l’interdiction des sanctions et le refus de l’autorité minent l’édifice et conduisent à une perte de confiance dans l’institution et dans le système scolaire, la méfiance des parents et enfants se trouvant renforcée par une crise sociale (Morin, 2000)".
Il me semble que nous devons lutter contre l’asphyxie de la « société » – la société c’est le désir d’avenir que chacun porte – en refusant cette nouvelle échelle de valeurs qui nous est inculquée par des personnes qui portent un masque résilient et accaparent le sens des institutions.
2 – La pensée sectaire : ni science, ni philosophie.
Sous l’apparente sincérité et bonhomie des nouveaux messies, parés du sourire du Dieu Bouddha, se cache la référence à une religion détournée, et beaucoup moins idyllique qu’il n’y paraît. Il n’y a pire religion que celle qui ne dit pas son nom, et permet d’abord à ses saints de vouer un culte sans précédent à leur propre personnalité, autant que d’attirer les offrandes populaires.
https://www.lexpress.fr/culture/livre/l-occident-a-t-il-devoye-le-bouddhisme_2005510.html
Contrairement à la religion, la philosophie est à un travail de réflexion difficile qui a une visée éminemment politique. Elle exhorte chaque individu à remettre du sens dans ses pratiques, non un sens préécrit, mais un sens à inventer, à réinventer encore et encore, à l’aune de sa propre humanité. La « méditation philosophique » rappelle à « l’exercice spirituel » en tant qu’elle est une réflexion sur un principe philosophique, non une expérience mystique.
"Il est important de préciser que la méditation philosophique est étrangère au sens actuel commun de la méditation, avec ses accents religieux en général, bouddhistes en particulier". https://www.editions-eyrolles.com/Livre/9782212546910/la-meditation-philosophique
Il n’est plus possible depuis Démocrite d’assimiler religion et philosophie. Les concepts de « méditation laïque » ou de « spiritualité laïque », défendus par des chefs de file médiatiques, tels Pierre Rabhi et Edgar Morin – soutiens de l’anthroposophie, chantres auto-proclamés de l’agroécologie ou de l’éducation – nous poussent donc à combler un vide, à adhérer, puis à prôner l’avènement d’une « nouvelle civilisation ».
Pourquoi sommes-nous crédules ? Il semble en effet qu’à mesure que leurs discours ont été portés aux nues par les médias et se sont imposés comme des vérités, beaucoup d’alternatives ont montré un visage plus sombre : l’éducation populaire a ainsi décliné par ses pratiques, au profit du discours de la décadence (Onfray en est un bel exemple) et de la course effrénée vers la réalisation du mirage capitaliste.La croyance dans ce mirage conditionne notre rapport à l’imaginaire en imprégnant nos lectures, par le biais de la généralisation de dystopies à destination de chaque âge (littérature jeunesse aux héros virtuels, séries télévisées qui simulent l’engagement, méthodes « bien-être » aux promesses de changement) et leur même message d’inhibition de l’action : ne sommes-nous que des avatars de la e-révolution ?
Le développement personnel a pour fonction de fournir un visage idéal à la disparition de la protection sociale, à faire passer le retour à l’exploitation salariale volontaire (par ex) le bénévolat) en choix qui « sauve ». Le développement personnel a pour fonction de déculpabiliser les classes supérieures vis-à-vis de leur conception de le réussite : ultra-sélective et fondée sur une idéologie des dons, qui malmène leurs propres héritières et héritiers.
Si les classes moyennes s’engouffrent massivement dans ce nouveau filon déclaré économiquement viable et socialement éthique, quand celui-ci exclut de fait les pauvres et les laissés pour compte, c’est parce que s’est imposée de façon insidieuse l’idée que « ne pas réussir c’est courir le risque d’être déclassé ». Cette peur pousse les prophètes verts à mentir à leur propre classe :
« Il existe une conception de la politique héritière des mouvements et des luttes. L’échec des luttes d’hier, c’est d’avoir cru que l’on pourrait construire un système collectif qui allait marcher pour tout le monde. Ces modes de pensée nient la diversité. Chacun d’entre nous est spécifique, a un talent particulier, a besoin de trouver sa place dans le monde. Les grands discours, les grandes idées, ce n’est plus possible. Il ne s’agit pas de savoir si on est d’accord ou pas mais si ça marche ou pas ». http://labrique.net/index.php/thematiques/politicaille/954-cyril-dion-coli-briseur-de-l-ecologie-radicale
Les luttes d’hier n’ont pas échoué : d’où vient le droit de grève ? d’où vient la sécurité sociale ? d’où viennent les bourses du travail ? C’est l’abandon de cette lutte qui nous mène à l’impasse sociale et nous rend esclaves de nos fantasmes. Sombrer dans la pensée magique, cesser de faire oeuvre, sont les signes d’une précarité grandissante qui fait peur et d’une distorsion sévère du rapport au réel.
Toutes les villes et toutes les campagnes vont finir par se ressembler, et tous les êtres humains aussi sur le modèle dégénéré d’une partie de la classe bourgeoise qui réussit à vendre au prix fort ses fausses « valeurs », en instaurant de véritables dictatures.
Face à ce danger, nous devons faire en sorte que les cultures ne meurent pas continuellement au profit d’une seule. Nous avons plus que jamais besoin d’une « clinique sociale » ménageant un rapport émancipé à l’inconscient (et non préparant la soumission à un ordre transcendant) afin de remettre le sujet au travail, contre l’aliénation.
Comment lutter contre contre la religion capitaliste qui culpabilise l’individu en lui imposant de consommer mieux et responsable, d’être zen, de méditer… ? Comment refuser la solution proposée par une nouvelle caste aux projections délirantes ?
3 – Apprendre à penser par soi-même.
Une certaine morale bourgeoise nous suggère que nous ne savons pas lire, dans le but de nous vendre une réflexion toute faite : des conférences, des stages, des livres, des méthodes de bien-être emplissent les rayons et les étals de festivals. Le sens de ce qui y est écrit n’a pas d’importance, il suffirait d’acheter, de s’imprégner du message délivré (effet de halo?), de « prendre conscience ».
Mais nous sommes déjà tous capables de lire, si lire c’est tout le contraire d’obéir à un message, si lire c’est du travail pour le sujet qui doute, éprouve un désaccord et désire, si lire implique des dérapages, des erreurs et des relectures, des écritures et des réécritures, si lire c’est du sens qui se construit, si lire nous enjoint à penser.
Il n’y a pas plus de méthodes miracles de lecture que de prêt-à-penser, de savoirs supérieurs, immanents, transcendants, ontologiques, au contraire ce ce que laisse entendre la pensée dominante : « oui … mais bon y’a du bon à prendre chez Alvarez, chez Montessori, chez Rabhi… » peut-on entendre à gauche à droite. C’est ignorer les conséquences de cet ancrage spiritualiste qui enjoint des populations minorisées à nier leur histoire, à redéfinir leur foi.
Nous sommes toutes et tous issus d’une histoire malmenée par les totalitarismes qui a systématiquement usé d’un mépris du peuple, du paysan, de l’étranger, de l’autre, du pauvre, du différent ; et prôné un évolutionnisme (esclavage, racisme, cléricalisme, sexisme, spécisme), pour conforter les inégalités sociales.
Nous avons le devoir de lutter ensemble contre les sectarismes afin d’empêcher la destruction de notre humanité par des escrocs, qui prônent une définition toujours plus restrictive de notre rapport à la nature : « homo natura », « homo religiosus »… sont des concepts fascistes.
Il devrait être derrière le régime de Vichy (et avec lui Pétain qui a séduit avec l’idée de « retour à la terre »). Car la réforme du système social ne peut pas avoir lieu à partir d’idéologies réactionnaires : pendant que des « gens biens », et bien payés, nous parlent de résilience, de pleine conscience, plus personne ne pense le sens d’une véritable « éducation à la paix » (Plan Langevin-Wallon 1947).
Pourquoi confondre les cadres de pensée? Face à la crédulité ambiante, il me semble que défendre le rôle de l’école publique, et de l’éducation (spécialisée, préventive, etc.), et non des sectes éducatives !, n’est pas un luxe. Il est important de transformer son rapport au monde, de construire l’espace de son désir en réinventant le bien commun, non en créant un énième communatarisme.
Il est possible de repenser l’école et la société comme des lieux de culture, et non d’élévation de cultes ! Il est possible de démasquer la réforme éducative que Blanquer intitule « l’école de la vie »**. Celle-ci est relayée par un grand nombre de personnalités médiatiques qui nient par ailleurs toute implication problématique. Le problème c’est que leur « projet » annonce la fin de « l’école émancipée ».
L'École émancipée (l'EE) peut se prévaloir du titre de plus ancien courant du syndicalisme français, puisque sa revue a été créée en 1910 comme organe de la Fédération des membres de l'enseignement laïque (FMEL) affiliée à la toute nouvelle CGT. Elle est à l'époque marquée par l'anarcho-syndicalisme. Changer l'école, changer la société L’École émancipée veut changer l’école pour la rendre coopérative, égalitaire et solidaire : tous les enfants et tous les adolescents doivent bénéficier de la même éducation dans la même école. C’est pourquoi ses militants s’opposent à toute forme de séparation des parcours scolaires car elle est souvent synonyme d’inégalité entre les voies et de soumission de l’école aux lois du marché. Le même souci d’égalité préside au combat de l’École émancipée contre l’exclusion et contre la précarité. Dans l’éducation, elle se bat pour la titularisation immédiate et sans condition de tous les précaires. L’école émancipée est aussi opposée à la hiérarchie des statuts et au corporatisme car ils recèlent l’autoritarisme et divisent les personnels. Les militants de l’École émancipée pensent que changer l’école impose de changer le monde dans lequel elle s’inscrit. L’École émancipée est anticapitaliste, féministe et antimilitariste. https://fr.wikipedia.org/wiki/École_émancipée
En accord avec notre histoire sociale commune, elle devrait faire projet :
- l’école comme lieu où se confronter à d’autres cultures que la sienne, à d’autres disciplines et matières,
- l’école où faire mentir l’idéologie des dons et tous les mythes capitalistes prônant l’aliénation de l’homme,
- l’école où apprendre à lire et à penser pour de bon !
Il est temps de sortir du rôle de l’élève complexé par le savoir du maître, de sortir de l’image du plouc folkorisé, du cancre, du cassoc’, afin de ne pas céder aux sirènes libertariennes qui abolissent le sujet, et malmènent son imaginaire, notamment avec le retour de la soumission à l’autorité en éducation : les écoles colibris***, et d’autres montessorisées, vont aujourd’hui jusqu’à prôner la fin de la pédagogie et la réintroduction d’une « autorité naturelle ».
"L’autorité autoritariste a recours à différents moyens : usage de la force physique, pressions psychologiques diverses exercées sur l’individu qui jouent sur la séduction (autorité dite « charismatique »), sur la culpabilisation et le chantage à l’amour en réactivant l’angoisse d’abandon du sujet (« phénomène autorité » si bien analysé par Gérard Mendel (1971) ), manipulations exercées sur le groupe en utilisant la double injonction (tantôt le sentiment d’appartenance et de loyauté entre pairs, tantôt la défiance, la division, les rivalités et la compétition (Brunel, 1991) ). L’autorité dite « naturelle » est à ranger dans cette catégorie. Représentation encore vivace dans la profession que l’enseignant construit à partir d’une perception nostalgique de son vécu d’élève, notre recherche montre qu’elle est paradoxalement une autorité qui ne s’exerce pas". http://www.cahiers-pedagogiques.com/Les-trois-conceptions-actuelles-de-l-autorite
Il n’y a pas de « nature humaine », entendue comme une nature immanente ou absolue. La nature est une construction sociale qui varie en fonction des cultures, et ne peut servir à justifier aucun ordre ou aucune hiérarchie entre les êtres humains. Au contraire de ce que la pensée néo-darwiniste laisse entendre, il existe une cause anthropologique, et elle nous situe mieux au monde que n’importe quel dogme : http://projet.pcf.fr/77424
Conclusion.
Quand la réalité rejoint la fiction, la seule solution c’est de résister à l’obscurantisme ambiant en réinventant nos pratiques communes, en réécrivant nos mythes à l’aune de la pluralité des histoires personnelles, et non d’identités révélées : car la secte agite le rêve pour exploiter les histoires personnelles.
En France, des pseudos-scientifiques et des politiques (se réclamant de la « collapsologie ») rabâchent des constats alarmants. Ces discours soi-disant révolutionnaires servent juste à faire qu’ « on y croie » à cette transformation intérieure, pendant que partout sur le globe terrestre, les guerres d’extermination des populations pour l’accaparement des ressources et des richesses continuent.
Au Pays basque, l’étranger est encore souvent accusé d’amener la misère et de bouleverser les solidarités traditionnelles, quand on sait que le « système à maison » reste très inégalitaire et le monde agricole éreintant. Le départ des cadets au 19e siècle n’a rien du mythe conquérant et glorieux tant vanté de l’émigration, et résonne étrangement aujourd’hui avec un système d’allégeances qui offre des places aux « fils et filles de » en guise de politique locale de la jeunesse, en échange de la consécration de nouvelles notabilités, de nouvelles « baronnies ».
A Bayonne, et alentours, nous sommes en proie à la main-mise d’élites qui n’ont pas l’air d’avoir le recul nécessaire vis-à-vis de ces modèles problématiques, puisqu’ils les brandissent comme solution à la disparition des travailleurs sociaux et médicaux. Mais qui se soucie de prioriser le droit à se loger, à accéder aux services de droit commun, à travailler, à défaire la culture des clichés porcins ou festayres, à tenir lieu là où ça vit communément, à revaloriser les pratiques populaires contre les discours bien-pensants et le système d’allégeance qui règne en maître ?
Il est temps de dénoncer la dérive idéologique ultra-droitière qui discrédite non seulement l’écologie politique et l’éducation nouvelle, mais surtout entérine le sinistre social. Cette dérive a pour résultat, loin des promesses de mieux-être, une guerre de tous contre tous, où chacun est placé sur une échelle d’évolution par biais d’entre-soi : il y a bien quelques « élus » qui décrochent le pompon en vertu de leur « capital », et il y a tous les autres qui nourrissent cet espoir ultime, ou qui en meurent.
De façon comparée :
- est-il sérieux de confier l’éducation d’un enfant ou d’un adulte en rupture à des personnes qui ne sont pas formées à la clinique sociale, et qui soumises à des dictats comportementalistes, ont eux-même développé une pathologie sévère de la relation, soit un surmoi à toute épreuve de la réalité qui amène à nier toute critique ?
- est-il sérieux de confier le gouvernement des états à des élites, des imposteurs, qui ont développé une pathologie sévère de la relation à l’autre, un surmoi à toute épreuve de la réalité sociale, et défendent des intérêts totalement antagoniques avec les classes populaires ? (mise à jour 21/03/2020)
Eloïse
(article paru en 2018 sur https://cultureamainnue.fr/2018/08/06/contre-le-sectarisme-pour-une-culture-emancipee/)
Notes :
* https://www.monde-diplomatique.fr/2018/08/MALET/58981
** http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/10/24102014Article635497375555385526.aspx
*** Comment une enseignante de l’école privée sous contrat Colibri montre qu’il n’y a plus (besoin) de pédagogie, parce qu’apprendre c’est magique et qu’aucun dispositif, mis à part à part psychologisant, ne serait à mettre en place. Quel mépris pour l’éducation, pour les élèves et pour les enseignants ! :
« Le protocole pour échanger sa stratégie mentale : Les élèves se mettent par 3. Je demande aux élèves en difficulté avec qui ils aiment échanger leur stratégie mentale. Ils choisissent l’élève dont ils comprennent le raisonnement. Chaque enfant qui explique sa stratégie intègre ce qu’il a fait. P85 : Si je vois que beaucoup n’ont pas encore compris le principe, je les rassure : ne vous en faites pas on en reparlera dans 15 jours. 15 jours plus tard, je refais la leçon et là comme par enchantement, cela fait tilt. Leur cerveau a travaillé pendant ces 2 semaines sans qu’ils s’en rendent compte. Le cerveau aime qu’on lui répète ; il ne faut pas hésiter à dire et redire puisque ça marche. P90 : Vivre ensemble : Chacun doit apprendre à reconnaître ses émotions et ses besoins en lui-même pour se positionner ensuite de façon plus responsable face à l’autre et être en empathie avec lui. J’accepte de mettre mon besoin de côté pour l’instant et de me concentrer sur le projet commun ; c’est cela apprendre à vivre ensemble. Le bilan de la semaine ; une feuille est affichée dans le hall de l’école, au cours de la semaine tout enfant qui le souhaite inscrit son prénom pour prendre la parole. Tous les sujets avec la vie du groupe peuvent être abordés. Ce n’est pas la maîtresse qui anime ce temps de parole ; un binôme d’élève ; l’un lit la feuille l’autre interroge. Pour les conflits qui ne concernent que 2 enfants, ils n’en parlent pas devant le groupe mais à 2 ; « j’ai besoin de te dire que j’ai été blessé… ». Pendant ce temps les autres font du blabla ». http://www2.ac-lyon.fr/etab/ien/rhone/lyon5-1/spip.php?article70
**** http://www.antifa74.fr/2017/11/20/sur-pierre-rabhi-1-une-pensee-tournee-vers-le-passe/